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  • Photo du rédacteurPascaline Olivier

Entrevue #5: Soraya, une famille nombreuse et un incroyable parcours

Chaque jour est un défi pour nous, mères de famille nombreuse. Comment accorder du temps à chacun, servir de bons et efficaces (qui seront avalés avec le sourire) petits plats à notre progéniture (la chose revenant immanquablement plusieurs fois par jour…ma petite marotte), choisir de travailler ou non, être heureuse et à fond au boulot, épanouie à la maison, avoir le temps de voir des amis et de vivre de beaux moments en amoureux ? Comment gérer la fatigue des premiers mois de bébé, le bruit, désamorcer des conflits, avoir un climat détendu et une famille heureuse?

Dans ces interviews, je vous invite à venir puiser de l’inspiration, de la déculpabilisation, des trucs et astuces du quotidien, de la bienveillance. Ces entrevues sont des conversations entre mères, une bulle d’échange et de partage, du lien entre nous toutes.

Un peu à l’image des podcasts dont je vous parle souvent. Le thème ? Notre vie de femme/mère/épouse/amie, ce qui fait l’essence même, la raison d’exister de ce blog !

Laissez-moi maintenant vous présenter ma nouvelle invitée!

Cet interview avec Soraya a soulevé beaucoup de questions, d’interrogations sur l’épanouissement, sur notre place de maman et de femme, sur notre « rôle » d’épouse, sur la façon de valoriser ses compétences. Après de grandes études et des performances sportifs, elle a dû s’adapter à la vie de femme de militaire, de mère au foyer. C’est une battante, au parcours atypique, de l’Asie à la France, que vous allez découvrir aujourd’hui. Une femme aux valeurs fortes, une épouse complice et une tête bien faite!

Alors place à mon entrevue avec Soraya.

Présentation

Bonjour Soraya, peux-tu te présenter?

Je m’appelle Soraya, j’ai 30 ans et un parcours assez particulier ! J’ai passé toute mon enfance en Asie du Sud-Est parce que mon papa est cambodgien (et ma mère Chti… quel mélange atypique !). Cette expérience est très importante pour moi car elle m’a ouverte au monde et m’a fait faire l’expérience de la pauvreté.

Cela m’aide à remettre les choses à leur juste place.

J’ai toujours rêvé d’être militaire ou diplomate. J’ai donc fait une prépa Saint Cyr au Prytanée, où j’ai rencontré mon mari (à qui je ne devais m’intéresser que plus tard ceci dit…) mais j’ai vite compris que cet appel ne serait pas compatible avec la vie de famille à laquelle j’aspirais. J’ai donc bifurqué vers une licence d’Histoire, sans grande conviction, me suis un temps intéressée à l’enseignement, mais ai fini par passer le concours de Sciences Po Paris pour revenir à mes premiers amours.

J’ai donc un Master de Sécurité Internationale ! Je me suis mariée, avec mon militaire que j’avais retrouvé dans une chambre d’hôpital à Paris, réformé suite à blessure. Nous avions déjà notre aîné, j’avais refusé un poste de Security Manager à Singapour, mon mari n’avait plus de boulot… pendant qu’il reprenait des études, je passais un master de Littérature Jeunesse par correspondance. Ensuite j’ai passé le concours de professeur des écoles, et nous avons déménagé au gré des postes.

De son côté, mon mari faisait de la réserve, et on a fini par lui permettre de présenter son dossier d’officier sous-contrat (de lassitude sous doute ? Chez nous, ON NE LACHE RIEN !).

Nous voilà à Coetquidan (Guer, en Bretagne au Sud de Rennes), avec 3 enfants… et ma vie prenait un nouveau tournant. Je me retrouvais femme d’officier au foyer, ce qui m’étonne encore aujourd’hui, et me fait sourire… Je crois que le maître mot de notre famille est ADAPTATION (chez nous on appelle ça l’Abandon à la Divine Providence…) Nos premières années de mariage ont été âpres, mais fortifiantes. Nous avons armé notre couple pour la vie. Nos enfants ont beaucoup déménagé (7 fois en 7 ans de mariage, 4 écoles déjà) et sont, de fait, très sociables et débrouillards.

illustration réalisée par Claire S2C

Et peux-tu présenter ta famille?

Nous attendons notre sixième enfant…Notre ainé, Louis-Marie, a 7 ans. C’est un enfant diagnostiqué précoce, qui est actuellement en CE2 et a reussi l’audition des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Il a envoyé valsé tous nos repères…Là encore, nous avons dû nous réinventer, apprendre à aimer différemment.

Notre second n’a jamais vu le jour. J’ai fait une fausse couche à 3 mois, vécue intensément dans l’intimité de notre foyer. Nous avons pu enterrer notre bébé en toute simplicité. Cet enfant veille depuis sur notre famille.

Notre troisième, Baudouin, a 5 ans. C’est un amoureux de la nature, très sensible, plus lent…nous nous doutons déjà que là encore, il nous faudra nous adapter…

La quatrième, LA fille! Hombeline a 3 ans. Elle est très chipie, volontaire, dégourdie…

Notre cinquième, François-Xavier, a 19 mois, il a déjà son petit caractère mais il est assez facile.

J’accoucherai en Juillet de notre sixième… à la maison! (On n’est plus à un projet fou près)

Peux-tu nous parler de ton « chez-toi »?

Nous habitons en Bretagne, une jolie maison de village pour laquelle nous avons eu un vrai coup de cœur. Sa tour d’escalier date du XVI ème siècle.

Pour nous, il était important d’acheter rapidement dans une région de caractère, pour permettre à nos enfants d’avoir des racines géographiques, ce que ni mon mari ni moi n’avons vraiment.

Nous faisons les travaux petit à petit, nous-même ou avec des artisans amoureux de leur métier, qui aiment les vieilles bâtisses. J’adore la déco et mon mari est très bricoleur.

Quelques questions sur la gestion du quotidien

Quelles sont tes routines, astuces d’organisation et as-tu des objets indispensables au bon fonctionnement du quotidien ?

Nous avons la chance d’habiter à 100 m de la petite école communale et les cours commencent à 9h, ce qui permet aux enfants de dormir jusqu’à 8h. Je n’ai d’ailleurs aucun scrupule à laisser mon dernier faire sa sieste, ce qui me facilite la vie (je le fais déjeuner avant, pour passer un vrai moment avec lui avant de me consacrer aux grands).

Le matin, je me lève en même temps que mon mari, vers 6h45. Le petit-dejeuner pris ensemble est devenu indispensable et j’ai ensuite un peu de temps seule pour prier, lire (je savoure le mail quotidien du blog Fabuleuses au foyer dans le silence depuis maintenant 2 ans…) en fonction des périodes, je fais aussi un peu de yoga. C’est un peu le principe du Miracle Morning.

Je suis ainsi beaucoup plus détendue et reposée au moment de lever les enfants.

Je les récupère à 12h30, généralement le déjeuner est prêt et ils ont le temps de jouer avant de retourner à l’école à 13h45. Ils finissent à 16h30. Goûter/devoirs/jeux. Je ne donne pas une douche systématiquement (sauf en cas de sport, de grosse chaleur etc…)

A 18h30, nous sommes à table pour le diner (19h si mon mari rentre suffisamment tôt, auquel cas notre dernier est déjà couché). Prière, histoire du soir et temps de lecture personnel (j’en profite pour pendre un petit temps au calme avec l’enfant qui en a besoin).

J’accorde beaucoup d’importance au temps libre et nous avons fait le choix de la petite école publique du village, pour sa proximité, la bienveillance de l’équipe éducative, les méthodes rigoureuses mais aussi…le peu de devoirs! Les enfants ont besoin de jouer, et le choix de vivre à la campagne nous a aussi permis d’avoir un jardin, et de pouvoir laisser nos enfants aller faire du vélo avec leurs camarades dehors.

Nous rêvions pour eux de cette vie de village, un peu old school.

Objets utiles au quotidien

  1. mon journal (mix personnel entre l’agenda et le bullet journal. J’ai mis plusieurs années avant de trouver ce qui me convenait parfaitement, et il n’y a pas d’outil idéal tout fait je trouve) . Je note absolument tout à la main: RDV, menus, listes diverses, réflexions, budget…

  2. mon portable (réveil, rappels, réseaux sociaux)

  3. Mon casque bluetooth qui me permet d’appeler les copines en faisant du repassage ou en étendant mon linge. J’écoute aussi des podcasts.

Ces objets sont partout avec moi, de ma table de nuit à mon sac à main.

Astuces d’organisation

Je planifie mes menus sur le mois, ce qui me permet une grande visibilité, et de m’assurer que je varie correctement. Je programme un drive le lundi matin et cuisine dans la foulée ce qui nécessite plus de 10 minutes de préparation pour ne plus avoir à m’en soucier pendant la semaine.

Enfin, je vais au marché le vendredi matin pour les fruits et les légumes (ou j’envoie mon aîné à l’épicerie du village, il en raffole et c’est très formateur) et j’achète en vrac en magasin bio une fois par mois (nous sommes dans une démarche de réduction des déchets mais sans pression).

En revanche, je me laisse régulièrement déborder par le linge, mais je teste différentes astuces, je me renseigne auprès des autres mamans, etc… et c’est très vivifiant d’être dans une démarche d’optimisation domestique permanente 😉

Schéma familial/principes d’éducation

Était-ce un projet d’avoir une grande famille ? Quels étaient tes principes d’éducation primordiaux avant d’avoir des enfants ? En as-tu abandonnés ou découverts ?

Mon mari est l’aîné d’une famille de 6 enfants, alors que moi je n’ai qu’un grand frère, qui n’est pas marié. Nous avons tout de suite parlé d’une grande famille, mais sans vraiment fixer de chiffre...nous essayons de rester ouverts, de reconsidérer nos choix régulièrement… En tous cas, tout se décide en couple et selon l’équilibre familial, notre santé, le caractère des enfants etc…

La seule chose dont nous étions absolument surs en nous mariant, c’est que notre couple serait toujours notre priorité. J’ai la chance d’être très complice avec mon mari. C’est mon confident, mon roc, celui qui m’a permis de prendre confiance en moi, de m’aimer telle que je suis. J’aime à rappeler que le Seigneur écrit droit avec des lignes courbes, et que nous savions que nous nous laissions surprendre.

Question éducation?

Devenir mère soulève plein de questions et il faut décider de l’exemple que l’on veut donner à ses enfants. Au lieu de les pousser au niveau scolaire par exemple nous avons choisi d’apprendre à nous adapter à leurs qualités et compétences.

Alors dans l’éducation que nous essayons de donner aux enfants, peu de choses sont figées. Nous préférons, à choisir, des enfants gentils (généreux, capables de compassion) que trop polis. Tous les soirs, nous pratiquons la gratitude en famille, et nous nous demandons pardon mutuellement. Et ce sont toujours les parents qui commencent.

Arrives-tu à consacrer du temps à chacun ? Comment ? Est-ce formalisé ?

J’essaye de prendre régulièrement des petits temps avec chaque enfant, et comme chacun est différent, cela sera pour des activités très variées: un câlin, une histoire, un jeu de société, de la cuisine, des maths ou de la grammaire (oui, notre aîné aime la grammaire..)

Dans ce cas c’est non-négociable, les autres doivent nous laisser tranquilles, la pièce est fermée, je ne suis là pour personne d’autre.

Mon mari étant militaire, donc souvent absent, et parfois pour longtemps, je dois un peu être au four et au moulin, mais il reste toujours présent d’une manière ou d’une autre. J’admire tant les mères célibataires…

Je suis de nature perfectionniste, et avais tendance à beaucoup culpabiliser. Bête à concours avant de devenir mère au foyer, j’ai dû beaucoup travailler sur moi pour me détendre. Aujourd’hui, je peux savourer une soupe en brique pour le dîner avec mes enfants devant un Yakari de 20 minutes, et je n’ai même pas honte 😉

Parlons budget/habitude de consommation

Qui gère les comptes à la maison ? De quelle manière ? Y a-t-il un budget pour chaque poste de dépenses?

C’est moi qui gère le budget, et je fais un point régulier avec mon mari, que je consulte pour les grosses dépenses.

J’avoue ne pas être quelqu’un de très économe, j’aime beaucoup trop faire plaisir aux gens que j’aime… mais je fais mes comptes très régulièrement, et apprend petit à petit en piochant ci et là des astuces. Par exemple, nous étalons sur l’année les grosses dépenses (impôts, retraite familiale estivale, activités des enfants…) et sommes adeptes des chèques vacances.

Comment habilles-tu tes enfants ? Par quel biais ? Bonnes adresses, astuces

Je pratique beaucoup l’occasion pour les enfants (je fais du stock sur FB ou Instagram) :une caisse par taille, si ça déborde, je trie, je revends, je donne, je jette. Vinted pour les besoins ponctuels et urgents. Okaidi / TAO pour les basiques de mes garçons qui défoncent tout à l’école. Je couds aussi pas mal, notamment pour tous nous assortir. Je m’autorise quelques tenues neuves pour chaque nourrisson, chez Cyrillus ou Jacadi.

Du temps pour soi/ questions plus personnelles

J’ai beaucoup de mal à m’arrêter, mais forcément, qui dit famille nombreuse, dit fatigue croissante.

Alors j’ai appris. A me coucher plus tôt, surtout quand mon mari n’est pas là (mais genre vraiment !! 21h je dors…) à me bloquer des après-midi couture (je m’y suis mise à la naissance de notre aîné, et c’est devenu vraiment important dans ma vie… je couds ma troisième robe de mariée cet été, et le projet de me lancer un jour me trotte gentiment dans la tête…) à m’évader le temps d’un WE avec mes copines…

Je précise que Soraya réalise des robes (et voile!!), cortèges et accessoires pour ses proches ou bien pour des projets associatifs ou caritatifs comme Bleuet de France. Elle est totalement autodidacte .Vous pouvez retrouver ses créations sur sa page Facebook Les Facéties de Louis-Marie alias @DeFilEnAiguilles… Je suis fan de son travail! Je joins quelques photos pour illustrer mes dires!

Pour prendre ce temps, il faut se connaître, mettre son orgueil dans sa poche, et demander de l’aide. J’ai progressé en simplicité, et j’ose espérer que notre entourage sait qu’il peut compter sur nous. Laisser un enfant à une copine le temps d’une matinée, dispatcher les enfants dans des familles de l’école pour partir 3 jours en amoureux, mais aussi apprendre très vite aux enfants que le soir, papa et maman ont BESOIN de se retrouver…

J’aimerais me remettre au sport, mais je n’ai pas encore trouvé chaussure à mon pied. J’étais très portée sur la compétition plus jeune (j’ai mon kata de ceinture noire de judo, j’ai fait du handball et de la natation en compétition…), il faut désormais que je passe à autre chose. C’est aussi ça, grandir… s’accepter, comprendre ses besoins, mais aussi ses limites. Je prends mon temps.

Quelles sont tes sources d’inspiration? Quel rapport entretiens-tu avec Internet/les réseaux sociaux ?

Je suis une formation en ligne pour la 2e année consécutive : il s’agit du Village, un concept lancé par Héléne Bonhomme du blog des Fabuleuses, pour aider les mamans. Cela touche tous les domaines de notre vie, et en 2 ans, même mon mari voit la différence. C’est une bouffée d’oxygène et je ne peux que conseiller aux mamans qui te suivent de s’inscrire à la newsletter du blog !

A part ça, je suis sur FB, mais aussi de plus en plus sur Instagram. Je questionne régulièrement mon rapport à ces réseaux sociaux, et tous les ans, je coupe FB pendant le Carême 😉

Quelques questions ont surgi à la lecture des premières réponses de Soraya.

J’avais envie de savoir, simplement et sans jugement, comment Soraya vivait cet état de mère au foyer, après avoir fait de si grandes études (sciences Po Paris, master de sécurité internationale, professeur des écoles etc…). envie de savoir si elle ne se sentait pas dévalorisée, insatisfaite, un peu frustrée de ne pas mettre ses compétences au service d’un « travail ». Je vous donne sa réponse bien sûr.

Soraya m’explique que tout d’abord elle a eu pendant quelques temps un peu « la tête dans le guidon » entre les grossesses, les naissances et les déménagements.

Pour la première fois de sa vie d’épouse, elle est enfin installée dans un même lieu depuis plus de 2 ans, stabilité qui lui donne l’opportunité de s’interroger sur ce qu’elle voudrait vraiment faire de sa vie par la suite.

Soraya prend beaucoup de plaisir à pouvoir « suivre » la carrière de son mari et à pouvoir l’épauler « plus mon mari va progresser et plus je prendrai de plaisir à pouvoir discuter avec son entourage ». Elle profite de ce temps pour se former sur plein de sujets, prendre soin de ses enfants évidement et de sa santé pour se préserver « dans la durée ».

Nous arrivons au terme de notre entrevue, un immense merci Soraya de t’être prêtée au jeu avec autant de simplicité et de confiance.

Si vous n’avez pas encore découvert l’interview de Nathalie, je vous invite à la lire par ici, et si vous souhaitez participer, n’hésitez pas à m’écrire un commentaire, un mail à l’adresse crazycocotte@yahoo.com ou un message sur Instagram.

Enfin, si vous souhaitez m’aider à faire grandir ce projet, partagez cette idée et parlez-en autour de vous!! Merci 1000 fois et à très bientôt!

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